Les Lettres Modernes

Texte d'Erasme avec guide

Par admin castella, publié le lundi 20 juin 2011 13:29 - Mis à jour le lundi 20 juin 2011 13:29

Le texte d'Erasme est traduit du latin. Voici un plan pour présenter le texte avec davantage de détails pour répondre à la demande de Déborah.
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Dans ce traité, Erasme aborde l’éducation des enfants et répond à un interlocuteur qui lui demande conseil en la matière. La réponse est très intéressante car elle est en rupture avec les théories précédentes fondées sur le par cœur et sur la contrainte. Nous sommes aujourd’hui surpris de rencontrer chez un penseur du 16ème siècle des idées très modernes.

Comment la doctrine humaniste pose-t-elle les jalons d’une éducation nouvelle fondée sur le plaisir d’apprendre ?

 

I Un programme éducatif

·         Un programme expliqué : Erasme répond à un interlocuteur et nous profitons en tant que lecteurs de ses explications, par ricochet en somme.

·         « En premier lieu » : cette expression pour planifier, organiser, indique évidemment une priorité absolue.

·         Il s’agit de la pratique des langues dès le plus jeune âge : ce qui est intéressant ici c’est à la fois la priorité donnée aux langues, à toutes les langues, sans donner de hiérarchie (même si Erasme s’exprime ici en latin) et le fait d’avoir pris conscience de la nécessité de commencer l’apprentissage dès que possible.

·         L’argument semble fondé sur l’expérience : les tout-petits apprennent les langues sans effort alors que les adultes ont besoin d’y mettre une grande énergie.

·         L’explication mise en avant est caractéristique de la pensée humaniste : le plaisir d’apprendre par l’imitation est naturel chez l’enfant. Cela sous-entend que ce plaisir se perd chez l’adulte. L’enfant, plus proche des réflexes de la nature, comme les oiseaux (perroquets, sansonnets) est plus apte à acquérir les bases d’une langue (les parents de Michel de Montaigne demanderont à la nourrice de ce dernier de lui parler en latin afin que cette langue soit acquise dès le berceau : et ce sera le cas).

·         On voit qu’Erasme met en avant une éducation non encyclopédique, fondée sur la curiosité et le plaisir : sans effort, plaisir naturel, infuser (ce verbe implique toute une vision de la pédagogie, fondée non sur le dressage et la contrainte mais sur le bain culturel et la douceur des échanges)

·         La grande idée qui apparaît ici c’est que la pédagogie suppose de s’adapter à son public et de choisir le moment propice pour enseigner.

·         Très logiquement, le second point, introduit par « Et puis » est un éloge de l’apologue.

 

II Un éloge de la fable

·         La pédagogie moderne proposée par les humanistes est fondée sur la fable.

·         On remarque un procédé oratoire : utilisation de nombreuses questions rhétoriques (c’est-à-dire pour capter l’attention, provoquer la réflexion, mais sans attendre de réponse de l’interlocuteur).

·         Argument du plaisir : la principale vertu des fictions pour les jeunes est d’être un moyen d’enseigner en se servant du vecteur de plaisir au lieu de celui de la contrainte forcée : délicieux, séduisants attraits, charment, plaisant, le rire et la fantaisie, rire, amusante, gracieux, charmant, en se jouant, attraynates.

·         Cette vertu est valable à tous les âges : « connaissance de la langue », richesse de l’expression » d’une part, et « formation du jugement » d’autre part.

·         On peut étendre la caractéristique de l’apologue à la comédie (parce qu’elle montre les travers des hommes, la poésie bucolique (parce qu’elle instruit sur le monde de la nature).

·         Argument d’autorité : les exemples d’Esope et d’Homère montrent que la tradition de cette pratique remonte à l’Antiquité.

·         Démonstration : comment comprendre l’épisode des compagnons d’Ulysse changés en pourceaux (en cochons, donc) par Circé : ils se sont laissés emporter par leurs passions au lieu d’écouter la voix de la raison, celle d’Ulysse.

·         Les leçons tirées des fables sont dignes des théories des Stoïciens (philosophes de l’Antiquité, très austères). Une comédie vaut une somme de philosophie. Une mine d’aphorismes (proverbes, sentences, moralités) est ainsi à la portée de tous.

·         Cette pédagogie a le mérite d’être accessible au plus grand nombre ce qui permet au savoir et à la sagesse de se répandre largement, ce qui est un des objectifs fondamentaux des humanistes.

 

Conclusion : Cette conception est très moderne pour l’époque. On la retrouve chez Jean-Jacques Rousseau (XVIIIe) : L’Émile ou De L’Éducation: “ Je hais les livres. “ Rejet de l’éducation encyclopédique.

-Montessori (XXe) : éducation par le jeu

-Célestin Freinet (XXe) : éducation par le projet, la coopération et l’imprimerie.

Pour autant, la pratique des fables par des générations d’enfants ne semble pas avoir sauvé l’humanité…