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Sortie cinéma : Les algues vertes

Par MARIA DEL MAR SLEZAK, publié le vendredi 29 décembre 2023 11:14 - Mis à jour le vendredi 29 décembre 2023 11:14
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Les élèves (2nde 1, 2, 3, 4 et 10 / 1ère STL / Terminales spé) ont découvert jeudi 21 et vendredi 22 décembre le film de Pierre Jolivet Les algues vertes, adapté de la bande dessinée du même titre Les algues vertes, l'histoire interdite d'Inès Léraud et Pierre Van Hove, tirée de l'enquête menée par la journaliste sur le scandale des algues vertes :

 

Le scénario du film reprend l'enquête de terrain d'Inès Léraud, journaliste, qui quitte Paris en 2015 pour s'installer en Bretagne afin de mener des investigations autour de la question environnementale des algues vertes qui se déposent sur le littoral breton. "Son Journal breton, diffusé sur France Culture de 2016 à 2018, relate son quotidien dans l'une des premières régions agro-alimentaires d'Europe. Il connaît une belle notoriété et des mobilisations naîtront en Bretagne suite à ses révélations" (Les algues vertes, l'histoire interdite).

L'histoire relatée est militante. Elle cherche à mettre en lumière différents enjeux écologiques, politiques, économiques et sociaux en lien avec la question environnementale des algues vertes, ainsi que le rôle des différents acteurs qui participent de sa construction en tant que problème public :

  • un désastre écologique et sanitaire dénoncé en première instance par des lanceurs d’alerte. Les algues vertes qui viennent se déposer sur les plages du littoral breton génèrent de l'hydrogène sulfuré (H2S) "qui, en se décomposant, développent un gaz ultratoxique connu pour son odeur d'oeuf pourri. Libéré en quantité importante, il anesthésie le nerf olfactif, ce qui le rend indétectable, paralyse le système nerveux et respiratoire et tue aussi rapidement que du cyanure" (Les algues vertes, l'histoire interdite). Durant plusieurs décennies y trouveront la mort plusieurs personnes : Jacques Thérin en 1989, Thierry Morfoisse en 2009, un joggeur en 2016. De nombreux animaux périront également durant cette période. Des lanceurs d'alerte comme le docteur Pierre Philippe ou André Ollivro feront en sorte de dénoncer et de rendre publique cette catastrophe écologique et sanitaire.   
  • le développement d'un modèle d’agriculture intensive (modernisation du système productif et ses effets, les parcelles "remembrées") qui permettra de lutter contre la pauvreté : "au sortir de la seconde guerre mondiale la campagne bretonne est alors très pauvre " (Les algues vertes, l'histoire interdite) mais qui engendrera une mutation profonde du secteur agricole et des techniques de production. "La Bretagne produit 58 % des porcs charcutiers français sur 6 % de la surface agricole utile nationale [...] L'utilisation massive d'engrais, d'azote minéral sur les cultures, la quantité astronomique de déjections animales épandues sur les sols se répandent par ruissellement dans les rivières et ensuite la mer, or dans le sol l'azote se transforme en nitrate qui est un superfertilisant " (Les algues vertes, l'histoire interdite) ce qui augmentera la prolifération des algues vertes. 
  • le positionnement, les réactions de certains élus la République, voire la fabrique du silence autour des algues vertes : signaler les plages infectées ou ne rien dénoncer / médiatiser pour ne pas mettre en péril  l’économie de la région bretonne qui repose en grande partie sur l’industrie agro-alimentaire et le tourisme.
  • la détresse socio-économique des agriculteurs et le rôle de certaines coopératives agricoles, des lobbys de l'industrie agro-alimentaire qui les incitent à produire toujours plus, à s'endetter pour pouvoir atteindre des quotas qu'ils ne maîtrisent pas. "La richesse échappe aux agriculteurs : adhérer à l'un de ces groupes c'est entrer dans un système d'esclavage où le producteur n'a pas son mot à dire, ils nous vendent les pesticides, les engrais, les animaux et les aliments, on ne peut rien négocier" (Les algues vertes, l'histoire interdite)

Quelques retours critiques d’élèves suite à la diffusion du film :

  • « Le point de vue des agriculteurs n’est pas assez pris en compte, on ne les entend pas assez »
  • « Quel modèle agricole est envisageable ? »
  • « Est-ce vraiment possible de se passer de l’agriculture intensive ?"
  • « Il faudrait en savoir plus sur le lien entre les agriculteurs et les coopératives pour comprendre tous les enjeux »
  • « les mécanismes de la fabrique du silence sont très intéressants »

Ce film sera exploité pédagogiquement dans différentes classes, notamment en cours de SES où il servira d’illustration à plusieurs objectifs d’apprentissage :

  • En classe de 2nde :  

-Connaitre les principales limites écologiques de la croissance économique.

-Comprendre que la vie politique repose sur la contribution de différents acteurs (partis politiques, société civile organisée, médias).

  • En classe de terminale :

-Comprendre qu’une croissance économique soutenable se heurte à des limites écologiques (notamment l’épuisement des ressources, la pollution et le réchauffement climatique)

-Comprendre que l’engagement politique prend des formes variées (vote, militantisme, engagement associatif, consommation engagée).

-Comprendre la diversité et les transformations des objets de l’action collective (conflits du travail, nouveaux enjeux de mobilisation, luttes minoritaires), des acteurs (partis politiques, syndicats, associations, groupements) et de leurs répertoires.

-Savoir identifier les différents acteurs (pouvoirs publics, ONG, entreprises, experts, partis, mouvements citoyens) qui participent à la construction des questions environnementales comme problème public et à leur mise à l’agenda politique ; comprendre que ces acteurs entretiennent des relations de coopération et de conflit.

-Comprendre que l’action publique pour l’environnement articule différentes échelles (locale, nationale, européenne, mondiale).

 

Article d'Amélie De Aveiro et Maria Slezak.

 

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